mercredi 23 mai 2007

La réponse de Nicolas Sarkozy au questionnaire Candidats.fr, une analyse

Moins de 36 heures avant le premier tour de l'élection présidentielle, M. Nicolas Sarkozy faisait parvenir à l'initiative Candidats.fr sa réponse au questionnaire que tous les candidats avaient reçus. Les français ayant désormais désigné M. Nicolas Sarkozy comme Président de la République, nous vous proposons d'analyser ses réponses, et ainsi de décrypter les impacts sur le Logiciel Libre des positions du nouveau Président de la République en matière de libertés numériques.



Tout d'abord, sur la forme, et contrairement à tous les autres candidats ayant répondu, M. Nicolas Sarkozy a choisi de ne pas répondre point par point au questionnaire. Sa réponse est un courrier de quatre pages, abordant certaines thématiques du questionnaire, mais pas toutes, et ne répond pas clairement aux questions posées.



Brevets. Au sujet des brevets, qui constituent une des menaces les plus importantes pour le développement du Logiciel Libre, le questionnaire de Candidats.fr posait plusieurs questions sur le principe du brevet ainsi que sur l'état et l'avenir du système de brevets. Nicolas Sarkozy ne s'est pas prononcé sur l'ensemble de ces questions. Il a rappelé que la « protection par les brevets est nécessaire (...) S'agissant des logiciels, des entreprises françaises expriment le besoin d'une clarification pour pouvoir bénéficier d'une protection plus étendue que celle que leur offre aujourd'hui le système du droit d'auteur ». Le nouveau président de la République Française ne s'oppose donc pas au principe du brevet logiciel, puisque des entreprises demandent une telle protection.



En revanche, il se prononce pour la recherche de solutions aux abus du système actuel des brevets : « Je souhaite l'ouverture d'une réflexion sur la création de véritables sanctions en cas d'abus avérés. (...) Compte-tenu de l'importance des coûts des dépôts et des actions en justice, je propose que nous réfléchissions à la création d'un dispositif inspiré du système de l'aide juridictionnelle, qui permettrait aux petits créateurs d'y recourir aussi facilement que ceux qui en ont les moyens ».



Nicolas Sarkozy ne se prononce donc pas sur les solutions proposées par le questionnaire de Candidats.fr, comme l'attribution à des agences privées du travail de recherche d'antériorité ou le principe du pollueur/payeur. La solution proposée, de l'aide juridictionnelle, est peut-être de nature à aider les petites entreprises, mais ne réglera pas le problème de fond de profusion de brevets logiciels plus ou moins invalides mais faisant peser une insécurité juridique importante sur tous les acteurs de l'industrie informatique. D'autre part, M. Nicolas Sakorzy n'évoque pas la question des Logiciels dans sa position sur les brevets.



Pour une analyse plus approfondie de la position de Nicolas Sarkozy sur le sujet, on pourra consulter le communiqué de presse intitulé Brevets logiciels : incompétence et dangerosité du candidat Sarkozy publié par le chapitre France de la FFII.



Mesures techniques de protection. Nicolas Sarkozy se déclare « favorable à la protection juridique de ces mesures au niveau national et international. Elles apportent aux titulaires de droits un moyen fort de protéger leur propriété dans l'univers numériques, qu'ils sont libres d'adopter ou non ». Il ne se prononce pas sur les traités WCT (WIPO Copyright Treaty) et WPPT (WIPO Performances and Phonograms Treaty) signés en 1996 au niveau international, mais sachant que ces traités avaient précisément pour objectif de mettre en place la protection juridique des mesures techniques de protection, et étant donné la position de Nicolas Sarkozy sur cette question, on peut penser qu'il considère le choix réalisé par ces traités comme pertinent.



International. Nicolas Sarkozy n'aborde pas la position de la France au niveau international, ni en ce qui concerne un traité pour l'accès à la connaissance et aux techniques, ni en ce qui concerne le traité sur la radio-diffusion en cours d'étude à l'OMPI. De manière générale, la réponse de Nicolas Sarkozy n'aborde jamais la question de l'accès libre à la connaissance, même comme facteur de développement économique et d'innovation.



Interopérabilité. Nicolas Sarkozy « a la conviction que l'interopérabilité entre les programmes est un enjeu majeur du développement équitable des technologies numériques ». Cependant, il ne répond pas aux questions de Candidats.fr concernant les mesures techniques de protection et l'interopérabilité, les conditions de fourniture des informations nécessaires à l'interopérabilité par un éditeur, l'inscription du principe de l'interopérabilité dans la loi ou la suppression du test en trois étapes. Dans le domaine privé, Nicolas Sarkozy soutenant les mesures techniques de protection, il paraît difficile de parvenir à une réelle interopérabilité, ouverte aux Logiciels Libres. En revanche, dans le domaine des administrations, il déclare que l'intéropérabilité « s'impose dans les relations entre usagers et autorités administratives ».



DADVSI. Nicolas Sarkozy « ne reviendra pas sur la loi DADVSI sur laquelle il a eu l'occasion de s'exprimer à de multiples reprises pendant la campagne ». Il se déclare « opposé aux orientations induites » par les questions de Candidats.fr et indique que le « bilan prévu à la fin 2007 sera l'occasion de faire un état des lieux de sa mise en oeuvre ». Nicolas Sarkozy ne répond donc pas aux autres questions sur le sujet du questionnaire, mais étant donné la position du nouveau président, il est difficile de penser qu'une abrogation du titre Ier de la loi DADVSI ou des amendements dits Vivendi soient à l'ordre du jour.



IPRED II. Nicolas Sarkozy n'aborde pas la question de ce projet de loi européen dans la réponse au questionnaire.



Vente liée. Nicolas Sarkozy « pense que pour répondre à la demande de tous, deux modèles doivent coexister : les offres commerciales groupées, et les offres commerciales séparées ». Il précise que c'est « le sens des consultations actuellement en cours à la DGCCRF » et qu'il « agira en fonction des résultats de ces consultations ». Nicolas Sarkozy semble donc favorable à l'idée de l'existence d'offres séparées ordinateur/logiciel, mais n'appelle pas au respect de loi et s'en remet aux seuls résultats des consultations de la DGCCRF.



Recours collectif. Nicolas Sarkozy « est favorable sur le principe » aux actions de groupe. Il veut cependant « veiller à ce que nous ne tombions pas dans les excès d'un système où les victimes auraient en quelque sorte droit de vie ou de mort sur nos entreprises ».



Informatique de confiance. Nicolas Sarkozy considère que « les libertés ne sont pas suffisamment protégées dans l'univers numérique ». Il propose une « véritable modernisation de la CNIL, qui doit en particulier disposer des moyens nécessaires à ses missions ». Donner plus de moyens à la CNIL est effectivement nécessaire pour mieux défendre la vie privée des utilisateurs de systèmes informatiques. En revanche, M. Sarkozy ne condamne pas, sur le principe, l'idée d'informatique de confiance.



Administration électronique. Nicolas Sarkozy déclare s'être « exprimé à de multiples reprises toute l'importance qu'il attache à favoriser le développement de l'industrie logicielle nationale ». Cependant, il considère qu'il n'appartient pas à l'État, via la commande publique d'imposer un modèle (libre ou propriétaire) à « qui que ce soit ». Il ne semble donc pas favorable à l'idée d'imposer les Logiciels Libres dans les administrations. Par ailleurs, Nicolas Sarkozy ne répond pas à la question sur les standards ouverts et l'administration ni à celle sur le Référentiel Général d'Interopérabilité.



Neutralité scolaire. Nicolas Sarkozy n'a pas fait part de sa position sur le sujet.



Enseignement de l'informatique. Nicolas Sarkozy « considère que l'enseignement de l'informatique prévu au socle commun des connaissances et des compétences doit être renforcé, et inclure notamment l'enseignement des bases essentielles à l'écriture de programmes informatiques ». Cette proposition qui pourrait favoriser l'éveil et la curiosité pour les logiciels et leur fonctionnement, la participation plutôt que la simple "consommation d'informatique" a retenu toute notre attention.



On peut par contre regretter que Nicolas Sarkozy ne se prononce pas sur l'idée de former à une catégorie d'outils (traitement de texte) plutôt qu'à des produits particuliers, ni sur l'adéquation entre les logiciels et ressources libres et la mission de l'enseignement. En effet, le logiciel libre repose précisément sur des principes qui ouvrent l'accès à l'écriture de programmes informatiques et au partage des connaissances.



Conclusion. Au sujet des menaces qui pèsent sur le développement des Logiciels Libres (brevets, mesures techniques de protection, informatique de confiance), Nicolas Sarkozy ne semble ainsi pas tenir des propositions favorables au Logiciel Libre. D'autre part, il ne porte pas d'engagement clair vis-à-vis de la problématique de la vente liée, pourtant cruciale pour le développement auprès du plus large public des systèmes d'exploitation libres. Enfin, il ne semble pas souhaiter orienter l'administration publique et l'enseignement vers les Logiciels Libres ou les standards ouverts.



Powered by ScribeFire.

jeudi 17 mai 2007

Invitation à la discussion

Le SNEP a l'air de se demander comment arriver à avancer sans gacher son avenir.

Il faut dire que l'édition phonographique a du soucis a se faire quand l'iPod avale l'équivalent de plusieurs centaines de disques.

La discussion sur l'avenir de la musique s'est ouverte: http://www.faceface.fr/

Mon avis, c'est que le P2P est une immense opportunité qui sera la seule qui nous permettra de stocker, conserver et consulter le patrimoine culturel (texte, audio, video) que nous constituons à grande vitesse.
Ce qu'il manque, ce sont des interfaces conviviales à cet espace...
Mais Zicmama est en gestation...

Pour les enfants

Surement à ne pas regarder à n'importe quel age...
Les Happy Tree Friends


mardi 15 mai 2007

lemondeinformatique.fr (15 mai 2007)

Microsoft veut faire payer les violations de brevets par l'Open Source


Edition du 14/05/2007 - par Dirk Basyn


En accusant les logiciels libres de violer 235
de ses brevets, l'éditeur souhaite pousser ses concurrents sur les
traces de Novell. L'Open Source se dit prête à engager le combat.

Microsoft veut faire payer des royalties sur ses produits aux éditeurs et clients
de l'Open Source. C'est du moins ce qu'affirment, dans une interview au magazine Fortune, Horacio Gutierez, vice-président en charge des affaires de propriété intellectuelle, et Brad Smith, conseiller juridique de l'éditeur de Redmond. Ceux-ci estiment que les auteurs de logiciels libres violent 235 de leurs brevets. Ainsi, le noyau Linux en enfreindrait 42, l'interface utilisateur 65, Open Office 45, les
applications de messagerie 15 ou plus, etc.


Chez Microsoft, on rappelle aussi qu'une étude de 2004 de l'Open Source Risk Management Group faisait état de 284 violations de brevets.


Il est fort probable que la société souhaite faire pression sur les éditeurs et fournisseurs Open Source afin qu'ils s'engagent sur la même voie que Novell. En novembre dernier, les deux éditeurs annonçaient avoir signé un accord qui les lie jusqu'en 2012, aux termes duquel Microsoft s'engageait à payer 348 M$ à Novell, dont 240 M$ pour l'achat de coupons Suse Linux Entreprise Server. En contrepartie ce dernier doit verser 200 M$ à Microsoft. En conséquence le géant de Redmond ne
fera pas valoir ses brevets auprès des clients Suse Linux, Novell faisant de même vis à vis des clients Windows. Cet accord, auquel vient de se rallier Dell, a été validé par l'Open Source Development Labs.

Tous les acteurs du Libre ne voient cependant pas cette évolution d'un bon oeil. Ainsi, Red Hat considère qu'en apposant leur signature, les responsables de Novell reconnaissent en quelque sorte qu'il y a bien violation des brevets Microsoft. De son côté, Eben Moglen, conseil de la Free Software Foundation et professeur à Columbia, affirme que les logiciels ne sont rien d'autre que des algorithmes et de ce fait ne sont pas soumis à brevets. Il rappelle que la Cour suprême des Etats-Unis a estimé récemment que les brevets ont été trop facilement accordés dans ce domaine depuis 20 ans et que nombre d'entre eux ne se justifient sans doute pas.


Une guerre froide qui joue sur les nerfs des clients

Le juriste est aussi d'avis qu'en écoulant des coupons Linux, Microsoft agit en tant que revendeur et que, d'après les nouvelles règles de la licence GPL, il doit mettre toutes ses sources à disposition. Chez Microsoft on estime bien sûr ce type de position irresponsable. « Ils s'apprêtent à brûler la passerelle que nous avons établie avec le monde du Libre et à brûler ensuite le système des brevets », prévient Brad Smith.

Il n'est donc pas sûr que les deux acteurs aillent plus loin dans cette guerre froide. « Les logiciels sont vulnérables aux défis juridiques », rappelle un expert indépendant. « Waterloo est dans les environs », avertit Eben Moglen. Reste à savoir si Steve Ballmer est prêt à endosser le rôle de Wellington. Ou de Napoléon.

Dans tous les cas, même si les clients sont théoriquement concernés, il est inconcevable que Microsoft se mette à les poursuivre pour violation de brevets. Mais la possibilité théorique existe, et cela sera peut-être suffisant pour en dissuader un certain nombre de basculer à l'avenir vers l'Open Source.

Voila une raison de plus d'utiliser uniquement des logiciels open-source!!!!